Le Moyen-Orient devient la nouvelle frontière du Bitcoin : Bitcoin MENA 2025 à Abou Dhabi marque un tournant dans la configuration mondiale

Abu Dhabi, le 8 décembre – Bitcoin MENA 2025 a officiellement ouvert ses portes aujourd’hui au centre ADNEC d’Abu Dhabi, attirant plus de 12 000 participants venus du monde entier, dont des organismes de réglementation, des représentants de fonds souverains, des entreprises Bitcoin, des développeurs et des universitaires. Cette édition du sommet est considérée comme une étape clé dans la mondialisation du récit autour du Bitcoin, marquant l’accélération du Moyen-Orient en tant que place stratégique mondiale pour les actifs numériques.

L’un des invités les plus attendus de la première journée était Michael Saylor, président exécutif de Strategy (anciennement MicroStrategy). C’était sa première prise de parole publique lors d’un grand sommet Bitcoin dans la région MENA. Lors de son intervention, Saylor a déclaré : « La structure énergétique mondiale est en pleine reconfiguration, et le Bitcoin est le vecteur numérique le plus important de cette transformation. Le capital, l’énergie et la puissance de calcul redéfinissent le système financier, et le Moyen-Orient deviendra la force motrice de ce processus. » Son point de vue est largement perçu comme un signe majeur du déplacement de l’institutionnalisation du Bitcoin vers le Moyen-Orient.

Saifedean Ammous, auteur de « The Bitcoin Standard », a également souligné le rôle structurel du Bitcoin dans le système monétaire. Il a affirmé sur place : « Le Bitcoin est une norme monétaire mondiale qui ne peut être diluée par l’inflation, et le Moyen-Orient possède une compréhension bien plus approfondie de la préservation de la valeur que de nombreuses autres régions. Avec la maturité croissante des politiques et du cadre réglementaire, la région deviendra un moteur d’accélération de l’adoption du Bitcoin. » Son intervention a trouvé un écho auprès de nombreux représentants d’institutions financières présents.

La macroéconomiste Lyn Alden a adopté une perspective globale pour analyser le rôle du Bitcoin dans l’allocation des actifs souverains. Alden a déclaré : « Les capitaux souverains s’intéressent au Bitcoin non pas pour des raisons émotionnelles, mais parce que le système monétaire mondial connaît des mutations structurelles. Les caractéristiques du Bitcoin en matière de transfert transfrontalier, de résistance à la censure et de faibles coûts de confiance en font un candidat naturel pour entrer dans la vision à long terme des fonds souverains et des banques centrales. » Elle a souligné que la période 2025–2027 sera cruciale pour l’intégration du Bitcoin dans les stratégies nationales de répartition des actifs.

Zoltan Pozsar, ancien stratège de la Fed et du Credit Suisse, a également souligné lors d’une table ronde privée que l’avantage énergétique du Moyen-Orient et la structure de puissance de calcul du Bitcoin sont naturellement complémentaires. Pozsar a déclaré : « Les pays producteurs d’énergie cherchent de nouveaux moyens de transformer leurs ressources en valeur mondialisée, et le Bitcoin offre une nouvelle logique de règlement international et de réserve de valeur. Le rôle du MENA dans la finance géopolitique sera ainsi redéfini. »

Le grand intérêt mondial pour ce sommet ne résulte pas uniquement de la puissance de son plateau, mais aussi de l’émergence au Moyen-Orient d’un nouvel environnement de politiques, d’énergie et de capitaux, propice à l’entrée du Bitcoin dans une phase de « souverainisation ». Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont, ces deux dernières années, instauré des cadres réglementaires clairs pour les actifs virtuels, tandis que plusieurs zones franches soutiennent le Web3, le minage et les infrastructures de calcul à énergie propre, faisant de la région un terreau idéal pour l’implantation d’infrastructures Bitcoin à l’échelle mondiale.

Sur le plan énergétique, plusieurs dirigeants de sociétés du secteur ont pour la première fois pris publiquement position lors d’une conférence Bitcoin. Un cadre dirigeant d’un groupe énergétique d’Abu Dhabi a ainsi déclaré lors d’une table ronde : « Le Bitcoin ne se limite pas à l’innovation financière, il représente un nouveau mode d’exportation de l’énergie. L’énergie de demain sera valorisée non seulement en kilowattheures, mais aussi en puissance de calcul et en Bitcoin. » Ce type de déclaration met en lumière la transition du Bitcoin, passant du statut d’« actif financier » à celui d’« infrastructure énergétique ».

De plus, plusieurs family offices et fonds institutionnels d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie ont annoncé à l’occasion du sommet qu’ils allaient réévaluer la part du Bitcoin dans leur allocation d’actifs à long terme. Un dirigeant d’un gestionnaire de patrimoine saoudien a affirmé : « Le récit du Bitcoin comme outil spéculatif appartient au passé ; désormais, les institutions s’intéressent à sa position stratégique dans la transmission de valeur à l’échelle mondiale. La prochaine vague d’investissement institutionnel interviendra plus vite que ce que prévoit le marché. »

Au vu des thèmes abordés lors de la première journée, Bitcoin MENA 2025 n’est pas seulement une conférence sectorielle, mais s’apparente à un dialogue stratégique sur l’avenir de la finance et de l’énergie mondiales. Le Bitcoin n’est plus réservé à une communauté technologique : il devient un point d’articulation entre politiques publiques, capitaux, énergie et stratégies nationales. À mesure que le Moyen-Orient renforce ses avantages en matière de régulation, d’énergie et de capitaux, la géographie mondiale du Bitcoin pourrait connaître dans les années à venir un transfert de centre de gravité.