Au cours de l’année écoulée, derrière les fluctuations du marché crypto et le renouvellement rapide des narratifs, rares sont les projets ayant réellement fait leurs preuves et généré de la valeur.
Cependant, si l’on dresse la liste des projets les plus en vue récemment — qu’il s’agisse des blockchains hautes performances MegaETH et Monad, du protocole à rendement stable Ethena ou encore du pionnier des marchés prédictifs Polymarket — le fonds d’investissement Dragonfly figure presque systématiquement parmi les investisseurs clés, que ce soit en phase précoce ou stratégique.
Comme l’a souligné un investisseur chevronné du secteur, Dragonfly est le grand gagnant de ce cycle.
Profil et contexte de l’investissement Dragonfly : un instinct de trading
Dragonfly est un fonds de capital-risque spécialisé dans la crypto, fondé par Bo Feng. En tant qu’investisseur de la première heure, Bo Feng possède une compréhension aiguisée du fonctionnement des plateformes d’échange, des besoins en liquidité et des scénarios de trading, conférant à Dragonfly, dès le départ, une perspective financière. Il a souvent répété que la blockchain ne devait pas être comprise simplement comme « un Internet plus rapide », mais plutôt comme un outil pour reconstruire l’infrastructure financière.
Le Managing Partner de Dragonfly, Haseeb Qureshi, souligne quant à lui les enjeux inter-cycliques. Pour lui, les véritables défis ne résident pas dans la rotation des narratifs ou des secteurs, mais dans les points de douleur systémiques qui se répètent cycle après cycle, haussier comme baissier :
Comment surmonter les goulets d’étranglement en matière de performance ? Les mécanismes de liquidation on-chain peuvent-ils résister à une pression extrême ? Les structures de rendement sont-elles viables à long terme ? Comment transformer la donnée en actif financier négociable ? Et, en l’absence de couverture systémique des risques, comment les capitaux institutionnels peuvent-ils entrer sur le marché en toute sécurité ?
Ces questions ont tendance à être occultées lors des emballements haussiers, pour ne réapparaître qu’à mesure que le marché redevient rationnel.
Dans un récent article intitulé « Plaidoyer pour la croissance exponentielle », Haseeb Qureshi pointe que le marché évalue souvent à tort Ethereum, Solana et la nouvelle génération de L1 (tels que Monad ou MegaETH), prisonnier d’un « biais de pensée linéaire » : il leur applique des modèles traditionnels (P/E, chiffre d’affaires…) et considère ces entreprises à croissance exponentielle comme des business matures.
Il est convaincu que la valorisation des L1 suit une logique semblable à la biotech : même avec seulement 1 à 5% de chances de devenir le prochain Ethereum ou Solana, la valorisation de plusieurs milliards est rationnellement justifiée (c’est la « prime de probabilité »). Ainsi, la conviction long terme est, selon lui, l’avantage oublié de l’investissement crypto.
En retraçant les investissements de Dragonfly sur les trois dernières années, on distingue clairement une chaîne complète, de l’infrastructure de base jusqu’aux applications :
Blockchains et Scalabilité : Monad (seed 2023), MegaETH (2024), Prodia (2024), Caldera (2023), etc.
Infrastructures de trading : Lighter (2024), Level (2024), Orderly (extension 2023), Bitget (tour stratégique 2023), etc.
Actifs stables et rendements : Ethena (plusieurs tours 2023-2024), Pendle (2023), etc.
Données et outils : Kaito (seed/série A 2023), Polymarket (deux tours 2024-2025), etc.
Il ne s’agit pas d’une stratégie de « filet large », mais d’une préférence claire : cibler en priorité les points de tension structurels, puis trouver les pièces manquantes sur chaque maillon.
Cette compréhension profonde se reflète dans la stratégie d’investissement de Dragonfly, qui semble rarement s’intéresser à la croissance explosive à court terme d’un projet, mais davantage à la capacité d’une technologie ou d’un produit à rester pertinent pour le secteur dans cinq ou dix ans.
Avantages différenciants et défis
Le succès de Dragonfly repose sur deux piliers différenciants et complémentaires.
Premièrement, Dragonfly dispose d’une puissante équipe de trading sur le marché secondaire, ce qui la distingue fondamentalement de nombreux VC purement axés sur le primaire. Cette stratégie, initiée avant 2019, lui permet de gérer plus d’un milliard de dollars de liquidités et constitue un véritable avantage compétitif. L’équipe L2 peut capter plus tôt les signaux réels du marché, les flux de capitaux et les changements de narratif. Leur sensibilité à la liquidité et à la pression de liquidation dépasse de loin celle des VC traditionnels, leur permettant d’injecter des données de marché dans les décisions du primaire. Haseeb Qureshi l’a dit publiquement : le secondaire n’est pas une sortie, mais un avant-poste pour l’investissement.
Deuxièmement, Dragonfly investit dans plusieurs plateformes d’échange telles que Bitget ou Bybit, non seulement pour la valorisation de leur capital mais pour les transformer en amplificateurs de distribution et en canaux de liquidité pour les stablecoins.
Grâce à ce positionnement stratégique, Dragonfly a réussi à intégrer les stablecoins qu’elle soutient (comme l’USDe d’Ethena) dans les plateformes d’échange. Une fois qu’un stablecoin est utilisé comme collatéral ou actif de base sur un exchange, cela stimule fortement la demande et accélère son adoption.
Bien sûr, le meilleur moment pour évaluer un VC n’est pas pendant un bull market, mais lorsque peu d’acteurs sont prêts à investir. L’an dernier, le marché primaire crypto a nettement ralenti. Selon RootData, 1058 tours de financement ont été enregistrés en 2025 à date, soit une chute de 46% par rapport au pic de 1962 en 2022. Dans ce climat de repli, la majorité des fonds lèvent le pied, certains capitaux se redirigeant même vers l’IA ou la tech traditionnelle.
Dans ce contexte, la concurrence pour les bons projets s’intensifie. Dragonfly doit rivaliser avec des VC historiques comme Paradigm pour capter les pépites en phase précoce, tout en affrontant l’irruption de géants financiers traditionnels qui bouleversent la liquidité. De plus, les principales plateformes d’échange déploient aussi leurs propres bras d’investissement, renforçant la concurrence verticale. Ces dynamiques mettent à l’épreuve la capacité de Dragonfly à sourcer des projets, à contrôler son écosystème et à tenir ses positions sur la durée.
Par ailleurs, avec l’intégration croissante de l’IA et des technologies de pointe dans la crypto, une institution d’investissement purement crypto comme Dragonfly devra convaincre de la pertinence de son expertise auprès de fondateurs opérant à la croisée des mondes.
Conclusion
Dans un précédent entretien pour ChainCatcher, plusieurs investisseurs précurseurs du secteur ont partagé leur point de vue dans l’article « Le nouveau cycle des VC crypto et les anciennes règles » : à l’heure où nombre de VC crypto natifs misent sur les narratifs et la spéculation à court terme, ils se heurtent à un décalage entre la capture de valeur et la prise de risque. À l’inverse, la force de Dragonfly réside dans son instinct de trading, sa capacité à se couvrir sur le marché secondaire et son insistance sur les flux de trésorerie stables, renouant ainsi avec les fondamentaux des fonds en dollars à long terme : gestion fine du risque systémique et recherche de modèles de revenus durables à croissance endogène.
Ainsi, si Dragonfly s’impose comme le vainqueur de ce cycle, c’est bien le signe d’un retour aux fondamentaux par les gestionnaires de fonds dans le nouveau cycle crypto. Mais, face à la concurrence des géants historiques, des institutions financières traditionnelles et des plateformes d’échange, ainsi qu’aux défis posés par l’hybridation entre crypto et technologies de pointe, Dragonfly devra réfléchir à la manière d’étendre cet instinct de trading à l’infrastructure technologique intersectorielle pour maintenir son avantage compétitif sur le long terme.
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Pourquoi Dragonfly est-il le plus grand gagnant de ce cycle ?
Auteur : Zhou, ChainCatcher
Au cours de l’année écoulée, derrière les fluctuations du marché crypto et le renouvellement rapide des narratifs, rares sont les projets ayant réellement fait leurs preuves et généré de la valeur.
Cependant, si l’on dresse la liste des projets les plus en vue récemment — qu’il s’agisse des blockchains hautes performances MegaETH et Monad, du protocole à rendement stable Ethena ou encore du pionnier des marchés prédictifs Polymarket — le fonds d’investissement Dragonfly figure presque systématiquement parmi les investisseurs clés, que ce soit en phase précoce ou stratégique.
Comme l’a souligné un investisseur chevronné du secteur, Dragonfly est le grand gagnant de ce cycle.
Profil et contexte de l’investissement Dragonfly : un instinct de trading
Dragonfly est un fonds de capital-risque spécialisé dans la crypto, fondé par Bo Feng. En tant qu’investisseur de la première heure, Bo Feng possède une compréhension aiguisée du fonctionnement des plateformes d’échange, des besoins en liquidité et des scénarios de trading, conférant à Dragonfly, dès le départ, une perspective financière. Il a souvent répété que la blockchain ne devait pas être comprise simplement comme « un Internet plus rapide », mais plutôt comme un outil pour reconstruire l’infrastructure financière.
Le Managing Partner de Dragonfly, Haseeb Qureshi, souligne quant à lui les enjeux inter-cycliques. Pour lui, les véritables défis ne résident pas dans la rotation des narratifs ou des secteurs, mais dans les points de douleur systémiques qui se répètent cycle après cycle, haussier comme baissier :
Comment surmonter les goulets d’étranglement en matière de performance ? Les mécanismes de liquidation on-chain peuvent-ils résister à une pression extrême ? Les structures de rendement sont-elles viables à long terme ? Comment transformer la donnée en actif financier négociable ? Et, en l’absence de couverture systémique des risques, comment les capitaux institutionnels peuvent-ils entrer sur le marché en toute sécurité ?
Ces questions ont tendance à être occultées lors des emballements haussiers, pour ne réapparaître qu’à mesure que le marché redevient rationnel.
Dans un récent article intitulé « Plaidoyer pour la croissance exponentielle », Haseeb Qureshi pointe que le marché évalue souvent à tort Ethereum, Solana et la nouvelle génération de L1 (tels que Monad ou MegaETH), prisonnier d’un « biais de pensée linéaire » : il leur applique des modèles traditionnels (P/E, chiffre d’affaires…) et considère ces entreprises à croissance exponentielle comme des business matures.
Il est convaincu que la valorisation des L1 suit une logique semblable à la biotech : même avec seulement 1 à 5% de chances de devenir le prochain Ethereum ou Solana, la valorisation de plusieurs milliards est rationnellement justifiée (c’est la « prime de probabilité »). Ainsi, la conviction long terme est, selon lui, l’avantage oublié de l’investissement crypto.
En retraçant les investissements de Dragonfly sur les trois dernières années, on distingue clairement une chaîne complète, de l’infrastructure de base jusqu’aux applications :
Il ne s’agit pas d’une stratégie de « filet large », mais d’une préférence claire : cibler en priorité les points de tension structurels, puis trouver les pièces manquantes sur chaque maillon.
Cette compréhension profonde se reflète dans la stratégie d’investissement de Dragonfly, qui semble rarement s’intéresser à la croissance explosive à court terme d’un projet, mais davantage à la capacité d’une technologie ou d’un produit à rester pertinent pour le secteur dans cinq ou dix ans.
Avantages différenciants et défis
Le succès de Dragonfly repose sur deux piliers différenciants et complémentaires.
Premièrement, Dragonfly dispose d’une puissante équipe de trading sur le marché secondaire, ce qui la distingue fondamentalement de nombreux VC purement axés sur le primaire. Cette stratégie, initiée avant 2019, lui permet de gérer plus d’un milliard de dollars de liquidités et constitue un véritable avantage compétitif. L’équipe L2 peut capter plus tôt les signaux réels du marché, les flux de capitaux et les changements de narratif. Leur sensibilité à la liquidité et à la pression de liquidation dépasse de loin celle des VC traditionnels, leur permettant d’injecter des données de marché dans les décisions du primaire. Haseeb Qureshi l’a dit publiquement : le secondaire n’est pas une sortie, mais un avant-poste pour l’investissement.
Deuxièmement, Dragonfly investit dans plusieurs plateformes d’échange telles que Bitget ou Bybit, non seulement pour la valorisation de leur capital mais pour les transformer en amplificateurs de distribution et en canaux de liquidité pour les stablecoins.
Grâce à ce positionnement stratégique, Dragonfly a réussi à intégrer les stablecoins qu’elle soutient (comme l’USDe d’Ethena) dans les plateformes d’échange. Une fois qu’un stablecoin est utilisé comme collatéral ou actif de base sur un exchange, cela stimule fortement la demande et accélère son adoption.
Bien sûr, le meilleur moment pour évaluer un VC n’est pas pendant un bull market, mais lorsque peu d’acteurs sont prêts à investir. L’an dernier, le marché primaire crypto a nettement ralenti. Selon RootData, 1058 tours de financement ont été enregistrés en 2025 à date, soit une chute de 46% par rapport au pic de 1962 en 2022. Dans ce climat de repli, la majorité des fonds lèvent le pied, certains capitaux se redirigeant même vers l’IA ou la tech traditionnelle.
Dans ce contexte, la concurrence pour les bons projets s’intensifie. Dragonfly doit rivaliser avec des VC historiques comme Paradigm pour capter les pépites en phase précoce, tout en affrontant l’irruption de géants financiers traditionnels qui bouleversent la liquidité. De plus, les principales plateformes d’échange déploient aussi leurs propres bras d’investissement, renforçant la concurrence verticale. Ces dynamiques mettent à l’épreuve la capacité de Dragonfly à sourcer des projets, à contrôler son écosystème et à tenir ses positions sur la durée.
Par ailleurs, avec l’intégration croissante de l’IA et des technologies de pointe dans la crypto, une institution d’investissement purement crypto comme Dragonfly devra convaincre de la pertinence de son expertise auprès de fondateurs opérant à la croisée des mondes.
Conclusion
Dans un précédent entretien pour ChainCatcher, plusieurs investisseurs précurseurs du secteur ont partagé leur point de vue dans l’article « Le nouveau cycle des VC crypto et les anciennes règles » : à l’heure où nombre de VC crypto natifs misent sur les narratifs et la spéculation à court terme, ils se heurtent à un décalage entre la capture de valeur et la prise de risque. À l’inverse, la force de Dragonfly réside dans son instinct de trading, sa capacité à se couvrir sur le marché secondaire et son insistance sur les flux de trésorerie stables, renouant ainsi avec les fondamentaux des fonds en dollars à long terme : gestion fine du risque systémique et recherche de modèles de revenus durables à croissance endogène.
Ainsi, si Dragonfly s’impose comme le vainqueur de ce cycle, c’est bien le signe d’un retour aux fondamentaux par les gestionnaires de fonds dans le nouveau cycle crypto. Mais, face à la concurrence des géants historiques, des institutions financières traditionnelles et des plateformes d’échange, ainsi qu’aux défis posés par l’hybridation entre crypto et technologies de pointe, Dragonfly devra réfléchir à la manière d’étendre cet instinct de trading à l’infrastructure technologique intersectorielle pour maintenir son avantage compétitif sur le long terme.